Les lignes qui suivent ne visent pas une analyse exhaustive des textes – au nombre desquels la loi d’orientation et de programmation – qui refondent l’École de la République. Elles se veulent une lecture de quelques-unes des orientations privilégiées par le ministère.

L’École du socle

La loi pose les prémices de la construction d’une école fondamentale qui associe l’école primaire et le collège autour du socle commun.

Il en est ainsi du nouveau découpage de la scolarité obligatoire en quatre cycles de trois ans1. Il manifeste la nécessaire continuité pédagogique et éducative du CP à la classe de 3ème. Quant au cycle de consolidation qui associe CM1, CM2, 6ème, il devrait permettre une meilleure articulation entre l’école élémentaire et le collège et faire que celui-ci ne soit plus conçu comme un petit lycée mais comme le prolongement du premier degré.

On aurait toutefois souhaité que le ministère aille plus avant en instaurant par exemple la polyvalence des professeurs de collège ou facilitant les échanges de services entre enseignants des écoles et des collèges.

La création du conseil supérieur des programmes2 va dans le même sens. Il lui reviendra en effet d’« émettre des propositions sur la conception générale et les contenus des enseignements scolaires, pensés à l’échelle des cycles pluriannuels, en fonction du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Par ses propositions, le CSP œuvrera au rapprochement entre l’école et le collège.

On citera enfin, même si le texte ne s‘applique pas aux établissements privés, le décret3 qui met en place les « conseils école-collège » : il entend également renforcer la continuité entre les deux degrés d’enseignement.

La formation des enseignants

La refondation engagée par Vincent Peillon est pédagogique. Elle passe par une transformation des pratiques pédagogiques et l’encouragement aux innovations.

Cela imposait que la formation des enseignants soit repensée. La mise en place des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation est louable : elle affirme que le métier d’enseignant demande une formation spécifique. On regrettera toutefois que :

  • le ministère n’ait pas opté pour un recrutement plus précoce et une véritable formation en alternance sur deux années ;
  • l’équilibre entre dimensions universitaire et professionnelle ne soit pas assuré, la formation académique conservant une place conséquente ;
  • la formation professionnelle continue, dont on sait l’importance dans le succès d’un système d’éducation, soit reléguée au second plan.

L’organisation du temps scolaire

Vincent Peillon a fait de la réforme des rythmes scolaires un des axes de la Refondation de l’École. Elle concerne aujourd’hui l’école primaire : le décret du 24 janvier 20133 rétablit la semaine de quatre jours et demi et raccourcit la journée d’enseignement. Si juridiquement les écoles privées sous contrat ne sont pas tenues par les dispositions de ce texte, elles sont parties prenantes de la réforme.

La réduction du temps de travail des enfants a en effet constitué un handicap pour les apprentissages et les performances des élèves. Faire en quatre jours ce qui était fait en quatre jours et demi ne pouvait conduire qu’à alourdir les journées de classe, augmenter la pression qui pèse sur les élèves et accroître les difficultés scolaires des plus vulnérables d’entre eux. On rappellera par ailleurs que la semaine de quatre jours a aussi mis à mal la vie des établissements avec des tensions autour d’un temps subi. Autant d’éléments qui militaient pour un retour à la semaine de quatre jours et demi. Reste que :

  • au-delà de la question des rythmes scolaires, c’est la question des rythmes de l’enfant qui est centrale et, que le temps scolaire doit être mis en synergie avec les autres temps éducatifs ;
  • la réflexion sur l’aménagement du temps scolaire doit dépasser la polémique autour de la seule semaine de quatre jours et prendre en compte les trois temps scolaires que sont la journée, la semaine et l’année ;
  • la réforme des rythmes scolaires peut être l’occasion de repenser l’organisation pédagogique dans les écoles, les conditions de travail des enseignants, la complémentarité entre les activités menées dans les classes et celles qui sont conduites par ailleurs ;
  • l’aménagement du temps scolaire ne peut se limiter à l’école ; il se pose aussi dans le second degré.

Marc ANDRÉ (Commission École)
Jimmy LEFEBVRE (Commission Collège)
Didier RETOURNÉ (Commission Lycée)


1. Cycles des apprentissages premiers (maternelle), des apprentissages fondamentaux (CP, CE1, CE2), de consolidation (CM1, CM2, 6ème) et des approfondissements (5ème, 4ème, 3ème). Cf. décret 2013-682 du 24 juillet 2013
2. Installé par le ministre le 10 octobre dernier. Cf. décret 2013-681 du 24 juillet 2013 :
3. Cf. décret 2013-638 du 24 juillet 2013
4. Décret 2013-77 du 24 janvier 2013