Dans la foulée de l’adoption de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole, Vincent Peillon a ouvert de nombreux chantiers.

Nombre d’entre eux restent à consolider. Il en va ainsi de celui de la formation des maîtres dont le précédent gouvernement avait fait table rase.

Si les écoles supérieures du professorat et de l’éducation commencent à exister, la tradition académique y est prégnante et la formation pédagogique peine trop souvent à trouver sa place. Sur la définition du métier d’enseignant dans les collèges et les lycées, un pas a été franchi avec la remise en cause du décret de 1950. Il est toutefois bien timide : il ne fait qu’acter des réalités que les professeurs vivent au quotidien et ne saurait suffire à faire émerger de nouvelles missions.

D’autres chantiers n’en sont qu’à leurs débuts. C’est le cas de la réécriture des programmes. Sous-tendue, conformément aux préconisations de la charte des programmes, par une logique curriculaire, elle devrait mettre la France au diapason de l’Europe et faire de l’établissement scolaire le lieu de maîtrise complète et responsable de l’activité de l’ensemble de ses acteurs en matière de contenus. Quant à la réforme de l’éducation prioritaire, dont les bases ont été jetées en janvier dernier, elle devrait inverser la tendance à l’aggravation des inégalités mise en évidence par les études tant nationales qu’internationales.

Sur d’autres chantiers, tel celui de rythmes scolaires que le ministre estimait consensuelle, il a mésestimé les résistances au changement.

En engageant de nombreuses réformes, Vincent Peillon « a posé les cadres à l’intérieur desquels peut se redessiner une École à la française(1) ». Il revient à son successeur d’assurer la continuité de l’action et, sans doute pour ce faire, de surmonter les blocages que suscite toute volonté de faire changer l’École. D’aucuns redoutent que l’élan déjà entamé par la force d’inertie ne se perde complètement et que la refondation ne soit mise le boisseau. Gageons que Benoît Hamon saura maintenir le cap au nom de la continuité de l’École et conduire, avec constance, la réforme engagée en juillet 2012. Il en va, comme l’a rappelé Antoine Prost dans son dernier ouvrage(2), de la réussite de cette dernière.

Didier RETOURNÉ


1. Maryline Beaumard, « Peillon laisse une école en chantier » in Le Monde du 2 avril 2014.
2. Antoine Prost, Du changement dans l’École. Les réformes de l ‘éducation de 1936 à nos jours, Éditions du Seuil, Collection « L’univers historique »