« L’École n’a pas besoin, à chaque alternance politique, d’une nouvelle loi, avait confié Jean-Michel Blanquer quelques mois après son installation rue de Grenelle. Elle peut se gouverner autrement. » Pourtant le ministre de l’Éducation nationale s’apprête à en passer par la voie législative. Le projet de loi qui emprunte à une expression chère au ministre – projet de loi pour une École de la confiance – devrait être débattu au Parlement au cours des prochains mois et ses principales dispositions ont fait l’objet d’une présentation en Conseil des ministres le 5 décembre dernier.

Sans surprise, le projet de loi met en musique un certain nombre de mesures annoncées qui imposent de passer par l’étape législative. Il en est ainsi de l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire de six à trois ans qui vise à « renforcer le rôle décisif de l’enseignement pré-élémentaire dans la réduction des inégalités dès le plus jeune âge, notamment de celle de la première d’entre elles, face au langage ».

Le projet de loi étend aussi – et le Snceel s’en félicite – la possibilité donnée aux établissements, sous réserve de l’autorisation préalable des autorités académiques, d’engager des expérimentations pédagogiques prévues, dans son article 34, par la loi d’orientation de de programme pour l‘avenir de l’École de 2005, dite « loi Fillon ». Dans le respect des obligations réglementaires de service des enseignants, ces innovations pourront concerner l’organisation pédagogique de la classe ou de l’établissement, la coopération avec les partenaires, les échanges avec des établissements étrangers, l’utilisation des outils numériques, les procédures d’orientation et la répartition des heures d’enseignement sur l’ensemble de l’année scolaire.

Contrepartie de ce surcroît d’autonomie, Jean-Michel Blanquer entend développer la culture de l’évaluation : celle des élèves mais aussi celle des établissements. Cette mission sera dévolue au Conseil d’évaluation de l’École dont Édouard Philippe avait annoncé la mise en place l’été dernier et dont la création va acter la suppression du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) installé par la loi pour la refondation de l’École de la République de juillet 2013.

Il va de soi que l’autonomie est inséparable de l’évaluation. Encore faut-il rappeler que l’évaluation ne saurait être une fin en soi. Elle doit être au service d’une politique qui vise à faire de la réussite de tous les élèves une priorité. Comme l’avait souligné Claude Thélot lors d’une précédente session des mandatés du Snceel au printemps 2017, il ne peut y avoir ni autonomie sans évaluation, ni évaluation sans conséquence…