Comment l’École peut-elle proposer un cadre de vie favorable à la réussite et au bien-être des élèves ? Tel était le sujet qui figurait au programme de la session d’automne du Snceel qui a réuni, les 6 et 7 novembre, les mandatés de l’organisation professionnelle. Un sujet qui s’inscrivait dans la lignée des réflexions engagées depuis plusieurs mois par le Snceel et qui a fait l’objet d’une intervention d’Agnès Florin1.

La question du bien-être des élèves a, pendant longtemps, rencontré des résistances en France, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, a rappelé la professeure en psychologie de l’enfant et de l’éducation. On sait pourtant aujourd’hui que la qualité de la performance des élèves, sur laquelle sont centrés les politiques, va de pair avec le bien-être. La question a toutefois trouvé place dans la loi d’orientation pour la refondation de l’École de la République2 qui promeut une éducation bienveillante.

Les élèves français se sentent-ils bien à l’École ? Les études conduites sur le sujet montrent que la majorité des jeunes sont bien. Reste, quand on regarde les études internationales, que la France est mal classée dans les comparaisons internationales.

En cause en particulier l’évaluation. C’est le « point noir » du système éducatif français. Plus des deux tiers des élèves craignent d’avoir de mauvaises notes. Ils redoutent aussi les observations que les enseignants font figurer dans les carnets de liaison. Dans le même ordre d’idées, ils ont peur de se tromper… ce qui invite à revoir le statut de l’erreur.

Les études que nous avons conduites montrent par ailleurs que la situation se dégrade au collège, a souligné Agnès Florin. Les élèves sont alors confrontés à l’orientation, aux évaluations disciplinaires, aux difficultés de communication à l’écrit et à l’oral… Quand des problèmes n’ont pas été réglés à l’école primaire, ils deviennent très pénalisants au collège.

Deux autres éléments mis en évidence par nos travaux doivent nous faire réfléchir, a poursuivi celle qui est membre du Centre de recherche en éducation de Nantes. Si les élèves déclarent, dans leur grande majorité, avoir envie d’apprendre, nombreux sont ceux qui estiment que leurs professeurs ne les aident pas suffisamment. Ils pointent aussi la trop lourde charge de travail. Des constats qui doivent conduire à interroger notre modèle d’enseignement.

Bon point pour l’enseignement privé. Le sentiment de bien-être à l’École est meilleur dans les établissements privés. Un sentiment qui peut tenir à différents facteurs. Une éducation plus globale ? Une dimension éducative plus affirmée ? Une moindre hétérogénéité des élèves ? L’existence d’équipes éducatives solides et stables ?

Pour Agnès Florin, le bien-être a un impact qui, même s’il n’est pas énorme, est toutefois significatif sur la performance scolaire à travers le sentiment d’efficacité personnelle. La perception de la relation avec les enseignants et du bien-être a un effet sur ce sentiment d’efficacité. Le fait que les élèves se sentent compétents influe sur leur performance. La qualité de vie à l’École rend plus confiant et engendre de meilleurs résultats.

L’évaluation, la relation aux enseignants, la confiance et la promotion des réussites : tels sont les points sur lesquels l’École doit travailler pour favoriser la réussite de tous les élèves…

 

  1. Professeur émérite en psychologie de l’enfant et de l’éducation, membre du Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren).
  2. Loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’École de la République.