12 septembre dernier : l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rendait publique l’édition 2017 de son rapport Regards sur l’éducation[1]. L’occasion, pour Corinne Heckmann, analyste à la direction de l’éducation de l’organisation, de revenir sur les mesures engagées par Jean-Michel Blanquer depuis son installation rue de Grenelle.

Nulle surprise, Corinne Heckmann s’est félicitée de l’accroissement de l’autonomie octroyée aux établissements que l’organisation appelle de ses vœux de longue date. Encore faut-il, a-t-elle insisté, que cette autonomie, dont le modus operandi reste à expliciter, aille de pair avec l’évaluation.

Bon point aussi pour la priorité donnée au primaire et le dédoublement des classes dans les territoires en difficulté : « Diviser la taille des classes par deux est très positif. » Encore faut-il, a-t-elle nuancé, que les enseignants aient été préparés à enseigner autrement… : « Il y [aura] un gain si la pédagogie est adaptée. Si l’enseignement ne change pas, ça ne [changera] pas. »

Reste que beaucoup des décisions de Jean-Michel Blanquer suscitent des réserves. A commencer par celles qui ont mis à mal la réforme du collège. La priorité, pour l’OCDE, n’était pas de « remettre du latin ou des classes bilangues » dont l’effet sera de « renforcer l’élite des élèves français, ceux qui sont déjà performants ». Il eût mieux valu « travailler sur l’accompagnement pédagogique » et « faire du travail en demi-groupes ». Quant aux enseignements pratiques interdisciplinaires, dont la portée a été réduite par l’actuel ministre, l’OCDE considérait qu’ils présentaient un réel intérêt parce que permettant d’aborder les contenus d’enseignement « différemment ».

Côté rythmes scolaires, l’organisation internationale «  [n’était] pas favorable » à la possibilité de revenir à la semaine de quatre jours, alors même que la France figure déjà en tête des pays qui dispensent le moins de jours d’école par an aux élèves du primaire. Les communes qui ont opté pour les quatre jours se sont souvent basées sur « des raisons financières […] et non sur le bien-être de l’enfant », a regretté Corinne Heckmann. Ce choix implique « une concentration des enseignements beaucoup plus importante » qui est peu compatible avec la nécessité d’« adapter la pédagogie pour les élèves en difficulté ».

L’OCDE n’est pas en reste sur les fondamentaux – lire, écrire, compter, respecter autrui – chers à Jean-Michel Blanquer. « On ne peut pas s’appuyer sur ce levier pour améliorer les résultats scolaires, il faut peut-être plus s’intéresser aux méthodes pédagogiques dans ces matières », estime l’analyste qui précise au passage qu’en France, 59 % du temps scolaire sont consacrés à ces apprentissages (versus 41 % en moyenne dans l’Union européenne).

Rien que de très logique à toutes ces observations. On rappellera en effet que l’OCDE s’était félicitée, dans une note d’information de juillet 2015[2], des réformes engagées par le ministère de l’Éducation nationale depuis 2013 et la loi pour la refondation de l’École[3]. Elles sont « les bienvenues, « vont dans le bons sens et doivent être approfondies », soulignait alors l’organisation internationale.

[1] OCDE, Regards sur l’éducation 2017 : Les indicateurs de l’OCDE, septembre 2017.

[2] OCDE Vers un système éducatif plus inclusif en France ?, juillet 2015. Sur cette note d’information, lire « Quand excellence et réussite pour tous vont de pair » in: InterSnceel 34 de septembre 2015.

[3] Loi 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République.