« Au cours des dernières décennies, une attention de plus en plus grande a été portée [dans de nombreux pays] aux conditions d’accueil et de scolarisation des jeunes enfants, et de nombreuses études plaident pour une démarche d’investissement social dans la petite enfance. Quel que soit le schéma cible, pour lequel on peut s’inspirer de différents exemples étrangers, il faut adopter un regard global sur cette période de la vie des enfants, donc questionner notre modèle français, marqué par la césure à 3 ans. » Telle est la conclusion de la Note d’analyse (1) que France Stratégie a consacrée à l’école maternelle.
L’école maternelle française a longtemps fait figure de « pionnière dans l’accueil universel des enfants », soulignent les auteurs, Daniel Agacinski et Catherine Collombet. Si elle a servi « de modèle à l’étranger », tel n’est plus le cas, poursuivent-ils. En cause, une dépense par élève relativement faible, une focalisation sur la préparation aux « apprentissages formels de l’école élémentaire » qui conduit à « négliger des compétences non académiques déterminantes », la « forte césure entre l’accueil des très jeunes enfants et la scolarisation [à partir de 3 ans] ».
Pour remédier à ces problèmes majeurs, les auteurs avancent deux scenarii. Le premier, qui conserve la césure évoquée ci-dessus, implique de « renforcer la présence et la formation des personnels à l’école maternelle », d’« expérimenter un renforcement de l’encadrement [des élèves] », d’améliorer « la qualification spécifique des enseignants en école maternelle [et des adultes non-enseignants] », et de mieux accompagner « l’innovation [qui] a toujours été au cœur de la pédagogie de l’école maternelle ». À plus long terme, Daniel Agacinski et Catherine Collombet plaident pour la mise en place d’un système intégré via « la création de structures communes accueillant l’ensemble des enfants de 1 à 5 ans, encadrés par des enseignants et autres professionnels de la petite enfance ». L’intégration permettrait d’améliorer l’équité d’accès des moins de 3 ans et renforcerait la dimension éducative. Pour les 3 à 5 ans, elle favoriserait « une prise en compte plus large des besoins de l’enfant ».
- France stratégie, Note d’analyse, n° 65, mars 2018, « Un nouvel âge pour l’école maternelle ? ». Note disponible à l’adresse suivante : https://www.strategie.gouv.fr.