La nécessaire vigilance face aux tentatives d’assimilation
Il sera donc dit que la vie des chefs d’établissement de l’enseignement catholique n’est pas un long fleuve tranquille et que la vigilance face aux tentatives d’assimilation devient un devoir.
Nous savons, bien entendu, que certains hauts fonctionnaires de la rue de Grenelle rêvent toujours d’asphyxier le privé mais ce sont aussi les services déconcentrés du ministère, les rectorats qui tentent de manière récurrente et généralisée d’administrer l’enseignement privé en faisant fi de la liberté d’enseignement. Ainsi, ce recteur septentrional qui exige d’un collègue qu’il « soumette à [son] approbation, dans la première quinzaine de chaque année scolaire, le nombre des heures d’enseignement par classes ou divisions de classes et par discipline, la distinction des postes d’enseignement et le service de chacun des maîtres, la liste des effectifs par cycles, classes et divisions de classes ». Ou encore, cet autre, plus méridional, selon lequel « les établissements envisageant un dépassement du maxima des vingt-six heures hebdomadaire (plus éventuellement enseignement de complément) de l’emploi du temps des élèves, doivent déposer une demande de dérogation écrite, auprès de [ses] services, via l’inspecteur d’académie-directeur des services départementaux de l’éducation nationale. Ce courrier précisera les raisons qui motivent la demande, le niveau de classe, les disciplines concernées ainsi que le projet de répartition de dotation. Il sera accompagné du procès-verbal du conseil pédagogique qui entérine cette proposition. »
On rêve !
Le Snceel, à l’instar d’autres composantes de l’enseignement libre, a été favorable à l’élan réformateur de l’été dernier parce qu’il y a vu, enfin, la possibilité d’une plus grande autonomie, gage d’une meilleure réussite éducative. C’est d’ailleurs, grâce à l’autonomie de ses établissements que l’enseignement privé a pu proposer des solutions originales pour répondre aux défis du décrochage, de l’intégration de tous ou encore du numérique. Il s’inscrit ainsi dans une longue tradition d’innovations portée par les tutelles congréganistes et modelée par les publics qu’elles ont accueillis. Nous ne pouvons que constater, aujourd’hui une fois de plus, les tentatives pour nous faire passer sous les fourches caudines des inspecteurs de l’éducation nationale et nous mettre sous tutelle aux sirènes de la pédagogie égalitariste et non discriminante.
Il est donc temps que l’École se transforme profondément et qu’il soit permis aux chefs d’établissement, conformément à la loi, de choisir leurs enseignants tout en renforçant leur autonomie dans l’élaboration de leur projet éducatif. La liberté de choisir son École, faut-il le rappeler, est constitutionnelle. Il n’y a pas de liberté sans moyens, sans une dotation horaire globale équivalente à celle de l’enseignement public proportionnellement aux effectifs accueillis. Il n’y a pas de liberté sans une promotion des financements publics du libre choix, que ce soit par subventions, crédits d’impôts ou chèque éducation. Il en va d’une vraie politique de justice sociale par l’École, qui pourrait, peut-être, inspirer des prétendants à l’élection présidentielle prochaine.
Arnaud Patural
Deuxième Vice-Président
Au sommaire de ce dossier grand angle « Association sans assimilation »
La nécessaire vigilance face aux tentatives d’assimilation
Association ou assimilation ?
Le contrat d’association en « questions »
Cultiver l’esprit de résistance
Outils numériques : à utiliser avec un pragmatisme éclairé… et une vigilance certaine
Affelnet : non à l’assimilation rampante
Les chefs d’établissement en première ligne pour défendre l’identité et la liberté de l’enseignement privé