Certes, le terme de « gestion » nous paraît plus approprié quand il s’applique aux biens, à un portefeuille d’actifs financiers… que quand il concerne les personnes. Reste que nous l’utiliserons dans les lignes qui suivent… faute d‘avoir trouvé mieux !!!

Cette gestion, les chefs d’établissement la pratiquent quotidiennement à l’égard des salariés de droit privé que sont les personnels d’éducation, d’administration et de service. Employés et rémunérés par l’Ogec, ils travaillent sous leur responsabilité. C’est en effet au chef d’établissement qu’il revient d’assurer, à leur égard, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il est également responsable du suivi de leur carrière via les outils qui sont à sa disposition : évaluation, formation, validation des acquis par l’expérience, rémunération… À lui aussi d’organiser leur travail et leur vie au travail.

Côté enseignants, il en allait un peu différemment. « Contractuels de l’État, [ceux-ci sont rémunérés par ce dernier qui] leur assure des conditions d’exercice de leur métier similaires à celles dont bénéficient les fonctionnaires enseignant dans les établissements publics[2]. » Il n’en reste pas moins que les chefs d’établissement disposent de marges de manœuvre non négligeables. À commencer, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport rendu public en octobre dernier[3], par leur participation aux décisions d’affectation – il en va du respect du caractère propre – par leur maîtrise de la constitution des équipes enseignantes ou encore par leur responsabilité dans le champ de l’animation pédagogique… Autant d’éléments qui contribuent à l’effet établissement, voire à l’effet chef d’établissement. Reste que, faire des chefs d’établissement les premiers gestionnaires des personnels enseignants impliquait qu’ils puissent intervenir dans leur évaluation et leur participation à l’action collective. C’est chose faite aujourd’hui avec la mise en place du protocole « Parcours professionnel, carrière et rémunération ». Celui-ci fait en effet des chefs d’établissement des partenaires des corps d’inspection dans l’évaluation des enseignants et est « porteur, dans les relations [que les responsables des écoles, collèges et lycées entretiennent avec les professeurs], d’un déplacement du centre de gravité du métier de chef d’établissement[4] ».

Michèle Coirier

Première vice-présidente

[1] Nous empruntons ce titre à Bernard Toulemonde : « Le chef d’établissement, premier gestionnaire des ressources humaines de son établissement ? » in: Administration & Éducation, n° 138, juin 2013.

[2] Catherine Dalichoux et Yann Diraison, « La gestion des ressources humaines dans l’Enseignement catholique sous contrat », in: Administration & Éducation, n° 118, juin 2013.

[3] Cour des comptes, Gérer les enseignants autrement. Une réforme qui reste à faire, octobre 2017. Rapport disponible à l’adresse suivante : www.ccomptes.fr.

[4]  Sur ce point, lire, sur le site du Snceel, l’entretien avec Blandine Schmit et Éric Persent : « À propos du PPCR et de l’évaluation des enseignants », (Rubriques « Expertise juridique » puis « Statut du chef d’établissement).