Les élections législatives de juin 2024 ont agité bien des peurs dans la société. Le monde de l’éducation n’y a pas échappé. Nous aurons certainement à travailler avec un cinquième ministre en l’espace de deux ans. Qui sera à la tête de notre ministère de tutelle ? Quelles orientations sous-tendront son action ? Impossible de le prédire à cette heure.

Les hommes politiques, soucieux de voir leur nom associé à des réformes contestées par ceux-là mêmes qui ont en charge les élèves, ont-ils oublier que les processus d’éducation requièrent de la constance ?
Ne devraient-ils pas s’inspirer de nos cours d’école si chères à leur cœur en théorie mais parfois si loin de l’exemple qu’ils donnent dans l’hémicycle ?
Au sein de nos écoles, nous cultivons vraiment le vivre ensemble. Tous – quels que soient leur milieu d’origine, leur couleur de peau, leurs valeurs, leurs cultures d’appartenance – apprennent à se respecter, à s’écouter, à confronter des idées en considérant la position de l’autre.
L’École est le lieu où la règle, l’intelligence et la tolérance permettent à des enfants de jouer ensemble sur les cours de récréation, de grandir ensemble, en apprenant tout simplement.
Nous sommes des milliers de chefs d’établissement à croire en la jeunesse en espérant que les élèves, que nous essayons de former au mieux, construiront enfin le monde harmonieux dont la société a besoin.

Chers collègues, espérons qu’à l’instar d’autres pays où l’intérêt général prime sur les idéologies, les hommes politiques se rappelleront qu’ils sont au service de leurs concitoyens, que la violence verbale et l’agitation des peurs n’ont jamais construit un monde plus juste. Espérons que, parmi toutes les priorités, l’avenir des enfants sera toujours la plus importante.

Les chefs d’établissement du Snceel resteront en veille. Tous savent, en préparant leur rentrée, que l’échelle la plus déterminante dans l’action auprès des élèves est celle de l’établissement. Celle de la présence fidèle des communautés éducatives aux côtés des élèves, des premières classes de maternelle à l’enseignement supérieur.

« Quand les hommes politiques et ceux qui les commentent, les parents et les grands-parents, les faiseurs de manuels et les faiseurs d’histoires, les ligues de vrais savants et les sociétés qui se croient savantes, les penseurs de la Sorbonne et ceux de la télévision… quand tout le monde, en réalité, dit tout et n’importe quoi sur l’Ecole et la pédagogie, il peut être utile d’invoquer celui qui, à nos yeux, connait le mieux le problème. Quand on parle d’éducation en oubliant que c’est de ‘’pierres vives’’ qu’il s’agit, on a bien besoin de quelqu’un qui connaisse les choses de l’intérieur, quelqu’un qui ait pris le temps de séparer l’essentiel de l’accessoire, quelqu’un qui nous aide à remettre les pendules à l’heure.1 »

Bonne rentrée 2024-2025.

Jérémy TORRESAN
Président du SNCEEL

  1. « Lettre à Émile », in : Émile, reviens vite…ils sont devenus fous, Philippe Meirieu et Michel Develay, ESF Éditeur, 1992.