Les enquêtes le clament, la France a une fois encore le bonnet d’âne en matière d’équipements numériques. Nos établissements sont à la traîne, les enseignants ne s’estiment pas tous compétents pour maîtriser l’outil, mais la solution est enfin trouvée : un grand plan pour le numérique à l’école nous est annoncé pour 2016 !

Au-delà des affirmations du ministre, Najat Vallaud-Belkacem, selon lesquelles « 9000 écoles, collèges et lycées seront connectés à l’Internet haut débit cette année », la question du numérique dépasse largement celle de l’équipement.

Nos élèves, enfants du numérique, vivent dans un univers qui leur inculque ses valeurs qui ne sont pas nécessairement celles que l’École a reçu mission de transmettre. Décalage ! Le tableau d’affichage à l’entrée de nos établissements pour annoncer le report d’un cours, ou le remplacement d’un enseignant souffrant, a vécu ! Il est loin le temps où il fallait passer dans les classes pour annoncer des changements d’emploi du temps ! Habitués à être immédiatement réactifs – les jeux vidéo leur ont au moins appris cette réactivité-là ! – nos élèves utilisent les réseaux sociaux pour se tenir informés, pour noter leur nouveau professeur-remplaçant, ou brocarder celle ou celui qui n’a toujours pas compris qu’il ne faut jamais donner le même sujet de devoir à deux classes … à deux jours d’intervalle ! Décalage ! Je crains alors que ce plan numérique ne prévoit pas ces usages que nous constatons tous.

Quand nous recevons les équipements numériques, nous sommes les premiers à constater et à regretter qu’ils soient généralement moins performants que ceux dont nos élèves disposent à leur domicile. Décalage ! Quand le professeur enseigne l’utilisation de l’enregistrement de données (textes, graphiques, etc.) à ses élèves, il y a souvent bien longtemps que ceux-ci sauvegardent leurs données, ou plutôt leurs photos, sur le « Cloud » ! Décalage ! Toujours et encore…

Alors ? Y a-t-il un remède ? Une parade ? Cessons de considérer que cet outil est la cause de tous les maux. Intégrons-le à nos enseignements, quels qu’ils soient, mais surtout, mettons en place de vrais projets, si possible innovants, qui concéderont plus d’importance au contenu qu’aux claviers, souris et tablettes !

Et si c’était ça, le bon plan !

Didier RETOURNÉ
Administrateur
Membre du Bureau