Depuis les années 80, une confusion s’installe insidieusement dans l’esprit de nos gouvernants. La loi Debré du 31 décembre 1959 permettrait aux établissements sous contrat d’exister, dès lors qu’ils respecteraient les règles édictées par l’Éducation nationale et qu’ils adopteraient un fonctionnement de plus en plus normé.
Combien d’articles ont été ajoutés au Code de l’éducation avec la mention « public visé : établissements publics et privés sous contrat » ? Combien de recteurs envisagent la carte des formations de leur académie en pensant que le public et le privé sont complémentaires, avec pour objectif réel de nous cantonner ? Combien de tentatives, ici et là, pour faire entrer nos établissements dans Affelnet et consorts ?

Pourtant, il convient de rappeler – avec force – que l’Enseignement libre a signé un contrat avec l’État, au service de la nation, selon un principe constitutionnel garantissant la liberté de choix des familles. Il n’a pas contracté cet engagement avec le ministère de l’Éducation nationale, pour créer un futur peuplé de clones d’EPLE.
La loi Debré a été voté au sein de l’Assemblée nationale, au cœur de notre démocratie avancée. Elle n’a pas été rédigée dans les couloirs de la rue de Grenelle.

Un nouveau ministre de l’Éducation vient de prendre ses fonctions. Il écrit aux chefs d’établissement du public et à leurs adjoints : « Plus largement, je sais à quel point chaque établissement est singulier. Un établissement c’est une communauté d’élèves, un territoire, une équipe, un historique. Tout cela entre en compte fortement et contraint parfois vos marges de manœuvres dans les changements que vous avez à mettre en œuvre. ».

Un vent nouveau est-il en train de souffler ? Ce ministre sera-t-il capable de comprendre la nécessaire autonomie des établissements que nous défendons depuis notre création. Ce faisant, nous libèrera-t-il du joug d’une machinerie de plus en plus absurde, où des gestionnaires tentent d’administrer les derniers territoires libres que nous habitons ?

Souhaitons que le jeune Octave devienne Auguste !

Vivien JOBY
Président du SNCEEL