Avant que le Père Noël ne s’impose dans une société marchande, les cadeaux de Noël possédaient deux sens. Le premier convoquait la mémoire : celle des Rois mages chargés de présents pour l’enfant Jésus. L’autre, plus profond, s’inscrivait dans une fidélité au don réel. Dieu s’était offert à l’humanité, il fallait donc entrer dans une disposition d’esprit de générosité et d’amour qui nécessite la plus grande implication.
Alors que débute l’Avent, une question m’étreint. Vais-je offrir par habitude, en mémoire de, ou m’inscrire dans un processus qui m’impliquera davantage au service du bien ?
Par exemple, s’il me vient l’idée d’offrir un téléphone portable à mon petit dernier, me contenterais-je de l’emballer dans du papier rouge, de le placer sous le sapin, pour voir mon fils exulter au jour de Noël ? Ou, entamerais-je avec lui un dialogue sur ce que doit être l’usage de cet appareil, vecteur de relations avec ceux que l’on aime, fenêtre sur le monde, mais aussi, possible outil de détestation de l’autre ?
Autrement dit, si comme l’affirment les parents d’élèves, je suis le premier et l’ultime éducateur de mes enfants, comprendrais-je que si ces derniers harcèlent leurs camarades de classe ou sont harcelés par eux, je ne pourrai pas arriver dans le bureau d’un chef d’établissement, captures d’écran en main et menaces en bouche, en lui demandant de régler séance tenante le problème, en me déchargeant de toute responsabilité passée et à venir ?
La campagne de prévention sur le harcèlement lancée par le gouvernement et dont hérite au premier chef l’Éducation nationale est, dans sa forme, calamiteuse. Personne ne conteste la nécessité d’améliorer ou d’amplifier les dispositifs existants. Mais ce n’est pas à grands coups d’annonces médiatiques que le problème sera réglé, et certainement pas en laissant croire que c’est un problème scolaire avant tout. Il s’agit d’un problème global d’éducation !
L’École ne prône pas le racisme, l’homophobie, la grossophobie, la lutte des classes et je ne sais quel autre produit de la bêtise humaine. À l’inverse, elle s’emploie à exercer l’intelligence et le discernement de jeunes issus de milieux familiaux différents, aux multiples repères et valeurs. Ainsi, on oublie que l’École n’est pas la première cellule de vie pour un enfant. Et, plutôt que de responsabiliser les parents à leur juste part, on laisse entendre que tout commence à l’École, là où les corps se rencontrent, mais où les esprits arrivent préparés chaque matin. De nouveau, on préfère transférer une grande charge sociétale au milieu scolaire. L’explosion des conflits quelques mois après la rentrée et les menaces de plaintes, envers les établissements, des victimes réelles ou supposées – comme des agresseurs ! – ne laissent rien présager de bon.
Que Noël apporte un peu de Paix à chacun !

Vivien JOBY
Président du SNCEEL