Cette année, c’est l’académie de Rennes qui a accueilli, en juillet dernier à Saint Malo, la session d’été du Snceel. Une session organisée de main de maître par le bureau académique et Vivien Joby, troisième vice-président du Snceel et au cours de laquelle ont alterné séances de travail, temps de convivialité et conversations impromptues au fil des pauses.

Au programme de ces journées, un point sur les négociations engagées avec le ministère de l’Éducation nationale visant à mettre un terme à l’inégale rémunération des contractuels du public et des maîtres délégués du privé. Une situation intenable et d’autant plus contestable que les maîtres délégués du privé se voient appliquer les mêmes règles statutaires que les agents délégués et contractuels du public, a rappelé Vivien Joby. « Elle pénalise les jeunes scolarisés dans nos établissements et constitue, de fait, une entrave à la liberté d’enseignement, contraire à l’esprit de la loi Debré qui a créé le contrat d’association », a insisté le responsable de la commission Politique des moyens qui est en première ligne sur ce dossier. Il convient, pour ce dernier, que le Snceel et l’ensemble des partenaires de l’enseignement privé sous contrat maintiennent la pression sur le ministère et agissent de concert de telle sorte que le dialogue amorcé aboutisse très prochainement.

Il fut aussi question de l’accompagnement des chefs d’établissement. « Culture de l’urgence, intensification de la concurrence, tension financière, renforcement des dispositifs de contrôle… la pression qui s’exerce sur les chefs d’établissement n’a cessé de s’accroître », a observé Arnaud Patural, responsable de la commission Accompagnement et statut du chef d’établissement. Conséquence, le Snceel entend faire de ce dispositif – il a été initié en 2007 pour prévenir les conflits et accompagner les adhérents confrontés à des situations de crise – une pratique naturelle et régulière tout au long de la vie professionnelle. « Il permettra à chacun, a poursuivi le deuxième vice-président, de relire ses pratiques et de poursuivre sa professionnalisation grâce à l’écoute et au regard en miroir d’un pair formé au coaching. »

Le statut unique du chef d’établissement entré en application le 1er septembre dernier a également retenu l’attention des participants. Son écriture visait à « reconnaître l’unicité de la mission déjà affirmée dans le statut de l’Enseignement catholique », a précisé Arnaud Patural. Elle devait aussi permettre de « promouvoir la professionnalisation du métier » et « favoriser la réflexion sur l’évolution du modèle économique et du maillage territorial de l’Enseignement catholique ». Sa mise en œuvre ne saurait s’accompagner d’une « nouvelle levée de cotisations sur les établissements » pas plus que d’une « décision collective qui fixerait, pour tous les chefs d’établissement du premier degré d’un territoire ou d’une même tutelle, l’indemnité de fonction dont l’article 4.3.1 du statut précise qu’elle est fonction des possibilités économiques de l’établissement ». Et Arnaud Patural d’en appeler chacun à veiller à ce que l’application du statut soit conforme au texte adopté par le Cnec en mars 2017 et à son esprit.

Autres temps forts de cette session : les interventions de Bernard Hugonnier et du Père Matthieu Rougé. « L’éducation est dans tous les pays démocratiques, porteuse d’un projet politique », a souligné celui qui a été directeur adjoint pour l’éducation à l’OCDE. Et ce, dès le 18e siècle, quand il est apparu que « la survie de la démocratie moderne dépendait du niveau d’éducation des membres du peuple, qui n’étaient plus désormais des sujets de la royauté mais des citoyens libres et égaux ». Si l’éducation, parce qu’elle influence la politique, peut « mener à un modèle donné de gouvernement, conduire à une certaine forme de société, induire un système économique particulier », la politique pèse également fortement sur l’éducation. Ainsi en France, elle a pour objet premier de « former des citoyens modèles pour servir une République modèle », alors qu’aux États-Unis, sa finalité est de « former des citoyens libres pour vivre dans une société démocratique avancée. » Il est revenu à l’ancien aumônier des parlementaires, aujourd’hui curé de la paroisse Saint-Ferdinand des Ternes dans le 17e arrondissement, de plancher sur le rôle politique du chef d’établissement à la lumière de la Pensée sociale de l’Église. « L’attention au respect inconditionnel de toute personne qui travaille ou étudie dans vos établissements est essentielle dans l’exercice de votre mission », a affirmé le Père Rougé. De même, « il vous revient de tout mettre en œuvre pour que chacun, dans vos structures, puisse contribuer au Bien commun », tout comme « il vous appartient, principe de subsidiarité oblige, de favoriser l’exercice, par vos collaborateurs, les enseignants, les parents et les élèves eux-mêmes, des responsabilités qui leur sont propres. » Pour le Père Rougé enfin, un établissement n’est véritablement catholique qui si celle ou celui qui le dirige cultive la bienveillance, la charité et la gratitude envers les adultes et les jeunes qu’elle ou il rencontre au quotidien.