En lançant la refondation de l’École de la république, Vincent Peillon avait annoncé clairement ses intentions : réformer le système éducatif de l’école pré-élémentaire à l’enseignement supérieur. Les premières mesures ont visé l’école primaire. Aujourd’hui c’est le collège que le ministère repense. Les dispositions qui vont le régir sont connues. Les futurs programmes ont été réécrits par le Conseil supérieur des programmes (CSP) en cohérence avec le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture[i].
La réforme du collège a été adoptée à une large majorité – 51 voix pour dont celle du snceel, 25 contre, 1 abstention – par le Conseil supérieur de l’éducation. Nous nous sommes félicités des orientations qui la sous-tendent et de ses principales dispositions[ii]. Quant aux projets de programme, nous avons eu l’occasion d’écrire qu’ils rejoignaient les convictions du Snceel[iii].
Assurément cette réforme est perfectible. Le Snceel entend d’ailleurs être force de propositions et apporter sa part à la réflexion sur ce maillon central du système éducatif. Pour ce faire, il va réunir un groupe de travail auquel il reviendra de dessiner le collège à l’horizon 2030.
Aujourd’hui la réforme du collège et les nouveaux programmes proposés par le CSP suscitent de très nombreuses critiques. D’aucuns considèrent que c’est là un scénario classique qui se joue. Et de rappeler les controverses qui ont accompagné la mise en place du collège unique ou encore les débats très vifs nés dans la foulée de la remise à Claude Allègre du rapport sur l’évolution du lycée[iv] et puis à Ségolène Royal des propositions sur le collège[v].
Les critiques ont visé d’abord la réforme du collège. En cause, les enseignements pratiques interdisciplinaires, le statut et la place des langues anciennes, la disparition des classes bilangues et des classes europénnes. Aujourd’hui ce sont les projets de programme qui sont remis en cause et souvent sur un mode très virulent.
On rappellera à l’intention qui s’expriment aujourd’hui sur un mode polémique dans les médias (éditorialistes et intellectuels auxquels leur statut ne confère aucune expertise dans le champ de l’éducation) les quelque 140 000 élèves qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification, l’incapacité de notre école à faire réussir tous les élèves, le creusement de l’écart entre les bons élèves et les autres… Autant d’éléments qui plaident pour que le ministère résiste aux pressions conservatrices. Il en va de l’avenir de notre jeunesse.
Didier Retourné
Secrétaire du Bureau
[i] Décret du 31 mars 2015 in : BOEN 17 du 23 avril 2015.
[ii] Cf. InterSnceel 30 de mars 2015 et InterSnceel 31 d’avril 2015.
[iii] Cf. InterSnceel 31, avril 2015.
[iv] Quels savoirs enseigner au lycée ? (ou rapport Meirieu), mai 1998.
[v] Le Collège de l’an 2000, François Dubet, Alain Bergouniuoux, Marie Duru-Bellat, décembre 1999.