La campagne électorale bat son plein et le destin de la France se joue en partie dans les projets de société qui s’élaborent et se débattent tant pour l’élection présidentielle que pour les législatives. Les derniers mois ont révélé la montée de la radicalité comme constitutive de nouvelles donnes et des attentes de nos concitoyens. Il faut en tenir compte.

Il est clair que le Snceel est politique, sans être ni de gauche ni de droite. C’est la polis, la vie de la cité, qui nous passionne. En ce sens, nous sommes des experts dans notre domaine et, pour chacun, notre établissement est une petite patrie. La manière dont nous y organisons la vie, les relations interpersonnelles, les mises en projet est politique dans la mesure où ces actions et conceptions révèlent quel est notre projet pour la vie en société.

En effet, la façon de vivre dans nos établissements, où les adultes et les jeunes se plaisent tant, dit quelque chose de la société que nous voulons, du moins de celle dans laquelle nous voulons vivre.

Concevoir que c’est une communauté ouverte qui éduque pour que tous progressent ensemble n’est pas forcément pleinement dans l’air du temps. À une époque où le problème réside plutôt dans les communautés qui se ferment sur elles-mêmes, qui veulent que rien ne change, que tous les autres s’adaptent à elles et qui luttent contre les différences, notre travail pour la société va parfois à contre-courant. Ne pas nous contenter de ce qu’est la vie sociale d’aujourd’hui est tout à notre honneur et fait partie de notre métier. Je ne connais pas un seul chef d’établissement qui estime vivre dans une société de rêve et veuille s’en contenter. Nous avons dans nos projets des intentions de changement.

Et nous sommes en tension entre œuvrer pour le monde d’aujourd’hui et préparer le monde de demain. Nos projets pédagogiques renouvelés en témoignent, eux qui reflètent tout à la fois notre visée anthropologique, notre conception de la place de l’homme et ce que nous organisons pour son adaptation au temps présent. Le service d’éducation que nous offrons permet de refuser le populisme qui se reproduit sur le terreau du relativisme.

Il est temps de relire Hannah Arendt qui nous disait que la culture doit interroger le système. En effet, il y a un enjeu tout à la fois politique et éducationnel à repenser l’éducation. Dépend-elle seulement du bain culturel dans lequel elle se trouve ou bien est-elle capable de réinterroger les postulats ?

Je fais plutôt le pari que nous pouvons, en résistant aux facilités des raisonnements simplistes, montrer que convoquer l’histoire, la philosophie et les sciences est l’occasion de proposer à la société de se renouveler et de s’adapter aux défis des démocraties.

Oui, le rôle d’un chef d’établissement est politique car les microsociétés que nous dirigeons sont des utopies en action. Nous mettons en œuvre des projets fondés sur une vision partagée de l’avenir pour le bien de tous.

Notre pays a besoin de nous et nous le servons par notre travail.

Éric Hans

Président