Les rapports que les jeunes entretiennent avec les médias et l’actualité sont peu explorés par la jeunesse. Une bonne raison pour le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) de s’emparer du sujet. Il a, pour ce faire, réalisé une enquête auprès de 16 000 élèves de 3e et de terminale. Ses résultats rendus publics en février dernier permettent d’appréhender à la fois les usages que les élèves font des différents médias et la confiance qu’ils leur portent.

En 3e, plus d’un élève (interrogé) sur deux (54 %) déclare s’informer sur l’actualité. Ils sont 68 % en terminale. Où vont-ils se nourrir en informations ? Leur entourage est la première source d’information (83 % en 3e, 90 % en terminale). Viennent ensuite les réseaux sociaux : (71 % et 90 %). En bonne place aussi les vidéos en ligne (52 % et 53 %). Côté médias traditionnels, seule la télévision a un impact important (92 % et 89 %). Sans surprise, les journaux papier sont très loin derrière (31 et 36 %), les jeunes préférant les journaux en ligne.

Si l’entourage est l’une des premières sources d’information pour les élèves, c’est également, poursuit le Cnesco, celle dans laquelle ils ont le plus confiance (82 % en collège, 77 % en lycée). Paradoxalement, « les médias ‘‘traditionnels’’ recueillent une forte confiance auprès des élèves » même s’ils les utilisent peu : ils accordent leur confiance aux journaux papier (71 % en 3e et en terminale) à la télévision (75 % en 3e et 62 % en terminale) et à la radio (69 % en 3e, 67 % en terminale). À l’opposé, « les jeunes se tiennent très nettement à distance des ‘‘nouveaux médias’’ » : un quart d’entre eux font confiance aux réseaux sociaux (27 % en 3e, 24 % en terminale) et un tiers aux vidéos en ligne (36 % en 3e, 30 % en terminale). À cet égard, les jeunes Français se distinguent de leurs pairs européens, souligne l’instance d’évaluation.

Le Cnesco pointe également des différences importantes selon les origines sociales des élèves. Différences d’abord dans l’accès à l’information : ainsi 67 % des élèves de 3e venant de familles favorisées s’intéressent à l’actualité contre 46 % des élèves défavorisés. En terminale l’écart existe aussi : 78 % contre 59 %. Différences aussi dans l’usage des médias : les élèves issus de milieux aisés écoutent davantage la radio que ceux qui vivent dans des familles modestes et s’informent moins par les réseaux sociaux. Différences enfin dans le crédit accordé aux sources d’information : les élèves issus des PCS socialement défavorisées ont tendance à faire moins confiance aux médias traditionnels et plus confiance aux réseaux sociaux que ceux dont les parents occupent une position sociale favorisée.

Autre élément intéressant de l’étude : l’éducation aux médias, si elle est inscrite dans les programmes d’enseignement moral et civique (EMC), est peu abordée. 52 % des élèves de 3e déclarent que le sujet des médias a été évoqué en EMC au cours de leurs années au collège et 56 % des élèves de terminale durant leur parcours au lycée. Au-delà regrette le Cnesco, quand utilisation de « ressources documentaires variées » il y a, cette utilisation relève plus d’une « éducation par les médias » que d’une « éducation aux médias ».

  1. Conseil national d’évaluation du système scolaire, L’éducation aux médias et à l’actualité : comment les élèves s’informent-ils ?, février 2019. La note d’analyse du Cnesco est disponible à l’adresse suivante : www.cnesco.fr