Les 23 et 24 janvier, le Snceel organisera son 19e congrès. Il sera, cette année, consacré au soixantième anniversaire de la loi Debré. Viven Joby, vice-président du Snceel et responsible de cette manifestation qui constitue un temps fort pour l’organisation professionnelle revient, dans les lignes ci-dessous, sur ses enjeux et ses temps forts. 

« La loi Debré, loi d’avenir ? » : tel est le titre du congrès 2019. Pourquoi ce sujet ? »

Vivien Joby : La loi Debré compte parmi les plus importants textes récents qui ont dessiné notre système éducatif. Elle inscrit en effet, pour la première fois dans les textes, la liberté de l’enseignement ; elle fait participer les établissements d’enseignement privés, via un contrat d’association, à l’œuvre nationale d’éducation en échange d’un certain nombre d’obligations. La loi du 31 décembre 1959 a aussi mis fin à des décennies de guerre scolaire qui ont vu s’opposer les défenseurs de l’école privée et ceux de l’école laïque. Enfin la loi Debré a permis de trouver solution à deux problèmes : d’une part, une très forte poussé démographique à laquelle l’enseignement public ne pouvait répondre et, d’autre part, les difficultés financières auxquelles était confronté l’enseignement privé, essentiellement catholique. Difficile en conséquence alors que cette loi fondatrice à tous égards fête son soixantième anniversaire de ne pas nous interroger : soixante ans après la loi Debré où en sommes-nous ? Et ce d’autant plus que le quotidien des chefs d’établissement est régulièrement teinté de conflits avec l’administration publique, en raison du non-respect des fondamentaux posés par le législateur.

Quels seront les temps forts de ce congrès ?

Vivien Joby : La première vice-Présidente de l’Assemblée nationale, Annie Genevard, a accepté d’ouvrir le congrès en montant que la liberté de l’enseignement et le pluralisme en éducation vont de pair avec la démocratie. Claude Lelièvre, spécialiste de l’histoire des politiques scolaires aux XIXe et XXe siècles reviendra, pour sa part, sur le débat entre enseignement public et enseignement privé. C’est un pas de côté que nous proposeront Martine Depas1 et Bjorn Brekkan2 : la première en pointant les transformations dont est porteur l’intérêt des fonds d’investissement pour l’éducation, le second en présentant l’originalité du système éducatif norvégien. De son côté, Claude Berruer s’attachera à mettre en évidence l’apport singulier de l’enseignement privé sous contrat – et plus particulièrement de l’enseignement catholique – au service public d’éducation.

Autres temps forts de ce congrès, les deux tables rondes – « La loi Debré, entre théorie et pratique » et « Pérenniser l’esprit de la loi Debré. Oui, mais comment ? » – qui, pour l’une fera le point sur la réalité de l’application de la loi Debré et, pour l’autre, proposera des pistes pour l’avenir.

Enfin parole sera donnée, via des vidéos, à de grands témoins – André Blandin3, Jack Lang et Jean-Pierre Gardy4 – qui ont été des acteurs importants de la négociation des accords dits Lang-Cloupet de 1992 et de la mobilisation de masse qui, en 1984, a conduit le gouvernement de Pierre Mauroy à retirer le projet de loi Savary qui visait à créer un grand service public unifié et laïc de l’éducation nationale.

 

  1. Conseil en fusions et acquisitions au sein de la Financière de Courcelles.
  2. Directeur ajdoint Knarvik vidaregåande skule (Norvège).
  3. André Blandin a participé aux négociations qui, en juin 1992, ont permis la conclusion des accords Lang-Cloupet. Il a par ailleurs été président du Snceel de 1987 à 1993.
  4. Jean-Pierre Gardy a été président du Snceel de 1977 à 1985.