L’année écoulée a porté son lot de projets de réformes et nous pourrions envisager de passer notre temps à courir après des textes qui tarderont, après des circulaires dont nous nous demanderons en quoi elles nous concernent vraiment. L’essentiel est ailleurs.

Il nous faut comprendre le sens de l’histoire dans lequel s’inscrivent les projets de réformes du lycée, de la voie professionnelle, de la formation continue, de l’apprentissage, etc. Prendre de la hauteur de vue pour adopter une visée prospective, prendre du recul pour décider ce que nous voulons faire dans les établissements, dès aujourd’hui et demain, correspondent mieux à notre ADN.

On peut penser ce que l’on veut de l’approche actuelle dans le domaine de la politique économique nationale. Il n’en demeure pas moins que ce qui est à l’œuvre s’appelle « le libéralisme égalitaire ». Né avec la Révolution industrielle, profondément libéral aux plans économique et politique, il ne cherche pas à changer la société mais seulement à corriger des inégalités qui pourtant ne cessent d’augmenter.

Si la conception privilégiée par le chef de l’État et son gouvernement est de développer les capabilités, de libérer les énergies et de favoriser l’emploi en réformant la formation, nous ne pouvons que nous demander comment nous serons concernés.

L’assouplissement des règles de formation continue, l’individualisation des parcours de formation, la contractualisation de l’apprentissage à la personne et non plus à la structure, la monétarisation du compte personnel de formation, le rôle d’un État plus régulateur qu’opérateur, la simplification de la gouvernance, sont les signes visibles d’une politique des « capabilités » telle que définie notamment par Amartya Sen, économiste indien et prix Nobel d’économie. Le but est de mettre à disposition de ceux qui en ont le plus besoin des opportunités pour accroître le champ des possibles.

À ce titre, la loi portant sur la liberté de choisir son avenir professionnel peut donner de nouvelles opportunités pour renouveler notre offre en termes de mixage des publics dans le secondaire et d’accompagnement des projets des salariés. Nos établissements, tous types d’unités pédagogiques confondus, ont à s’approprier cette donne pour faire évoluer leur offre de formation. Le métier d’enseignant n’a donc pas fini d’évoluer, en allant vers l’annualisation du temps de travail notamment et, surtout, vers des attentes augmentées en termes collaboratifs.

Sans nul doute, les réformes qui se profilent sont à considérer comme des sources de liberté que sauront saisir les équipes les plus audacieuses.

Le bureau se joint à moi pour vous souhaiter une bonne rentrée 2018.

Éric Hans

Président