À chaque ministre, sa réforme a-t-on l’habitude d’entendre. Pourtant, avec l’arrivée de Benoît Hamon rue de Grenelle, on a plutôt l’impression que le mot-clé de sa circulaire de rentrée est « continuité ».

Dans sa déclaration devant les membres du CSE, le 5 mai dernier, Benoît Hamon affirmait sa volonté d’avancer sur la réforme du temps scolaire à l’école parce qu’il ne voulait surtout pas mettre en péril la loi de refondation. Cette loi met en avant un certain nombre d’éléments destinés à contrer des habitudes, à promouvoir des solutions et à laisser aux établissements la liberté d’agir pour le bien commun des jeunes et donc, de la Nation.

Concluant sur le chapitre du temps scolaire, il soulignait avec force : « L’intérêt général n’est pas négociable ».
En effet. Plus que jamais, depuis 2012, l’obsession de la rue de Grenelle est la réussite du plus grand nombre et la lutte contre les inégalités sociales. À force de l’entendre dire, on est en droit de se demander si la volonté réelle du ministère est bien cette priorité.
Il suffit de considérer les résultats de l’enquête Pisa et de regarder de près l’incidence, sur le budget de l’État, des 150 000 jeunes qui quittent chaque année le système scolaire sans diplôme – et je ne parle pas des doublements – pour demander que de vraies mesures soient prises ! Non, vraiment, Monsieur le ministre, l’intérêt général n’est pas négociable ! Mais il y a urgence pour agir !
Le monde de l’éducation, et par là, notre société, ne peuvent plus attendre qu’un ministre prenne connaissance des dossiers pour avancer.

À cet égard, la question qui me vient immédiatement à l’esprit est la suivante : comment mesurera-t-on les résultats de cette politique ? En restera-t-on au niveau de l’alerte ? Décidera-t-on des mesures contraignantes ? Une fois encore, lancera-t-on des consignes sans accompagnement des enseignants qui s’engageront dans cette lutte ?
Sans attendre, beaucoup de nos établissements ont engagé des politiques de remédiation, de re-motivation des jeunes, de scolarisation différenciée de jeunes porteurs de handicap. Mais avec quels moyens ? Et que dire quand, d’une année sur l’autre, ces moyens se trouvent réduits ? Pourquoi ?

Il y a un an, à Vincennes, nous réaffirmions que l’enseignement catholique a vraiment sa place dans la société d’aujourd’hui.
Aussi, nous ne pouvons lire les mesures édictées par le ministère, sans prendre une part active dans ce que Pascal Balmand appelle« l’engagement pour les réussites ». Il y a urgence… l’intérêt général n’est pas négociable !

Didier RETOURNÉ