Il est acquis que les enseignants doivent, tout au long de leur parcours professionnel, développer leurs compétences et leur expertise. Il en va, en particulier, de leur capacité à accompagner la mise en place des réformes engagées par le ministère.
Reste que cette acception des enjeux de la formation nous paraît bien réductrice. La formation continue des enseignants ne devrait-elle pas, avant tout, être en lien direct avec les enjeux quotidiens du métier, avec les situations vécues au sein des établissements, avec les jeunes qui se métamorphosent au contact de notre société du numérique, avec un développement professionnel qui renvoie à ce qui constitue, pour chacun, le cœur de son activité professionnelle. N’est-elle pas en lien direct avec une obligation de l’acceptation de l’adaptation de leur statut aux exigences de la formation professionnelle par l’alternance décrite dans le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel déposé par le gouvernement ?
Rallier cette analyse, c’est faire sien le concept d’établissement formateur, cher à notre organisation professionnelle. Un concept qui suppose que tous les acteurs éducatifs de l’établissement s’engagent, mettent tout leur potentiel au service d’un objectif commun, mobilisent leur pouvoir d’agir. Un concept qui implique de promouvoir une formation ancrée dans les établissements en réponse aux besoins des personnels sans oublier les futurs collègues en master 1 et 2 désirant s’engager dans notre métier d’éducateur.
Encore faut-il, pour cela, que soient réunies certaines conditions. Au nombre de celles-ci, l’instauration de lieux et de moments de co-construction et d’échanges, l’acceptation des controverses professionnelles et l’appel au discernement pour faire émerger des compromis, l’encouragement à la mise en place de collectifs de pairs, l’autorisation des prises d’initiatives, la reconnaissance du droit à expérimenter et à faire des erreurs. Il en va de même de la mise en œuvre d’actions communes, de l’intériorisation des valeurs dont le projet éducatif et le projet d’établissement sont porteurs, de l’octroi aux équipes de marges de manœuvre pour s’engager, de leur accompagnement dans la réflexion puis dans l’action, de la reconnaissance du travail accompli… Les unes et les autres relèvent des marges de manœuvre du chef d’établissement. C’est en effet à lui qu’il revient, par le leadership qu’il exerce, d’établir les conditions à même de promouvoir le développement professionnel des équipes dont il est responsable et, ce faisant, de faire de son établissement une communauté d’apprentissage professionnel.
Éric Jacquot
Trésorier