« L’établissement, un acteur politique ? » : tel est le thème de réflexion auquel le Snceel a invité à l’occasion de son congrès annuel les 21 et 22 janvier. Il convient, a souhaité Louis-Marie Fillon, en ouverture de la manifestation, de refonder le politique dans les établissements. Pour ce faire, a poursuivi le président du Snceel, il nous revient de faire « une lecture responsable des politiques publiques à l’œuvre en ce moment ». Et Louis-Marie Fillon de citer le pilotage par les résultats, le renforcement de l’autonomie des établissements ou encore le processus de territorialisation.

Ces propos ont trouvé leur résonance dans l’économie sociale et solidaire. Une économie sociale et solidaire qui, pour Danièle Demoustier, peut être « source d’inspiration et d’action pour les établissements ». Son mode de gouvernance, son rapport à la solidarité et la coopération internes, les relations qu’il entretient avec les territoires, sa finalité même font de l’établissement scolaire un acteur de l’économie sociale et solidaire.

Un établissement qui, dans l’édifice complexe né de la loi Debré, occupe une place singulière, a pointé l’historien Bruno Poucet : « il est au carrefour de toutes les structures et de tous les pouvoirs, au nœud même des particularités de l’enseignement privé catholique dont il est l’expression achevée, au croisement des territoires, du local au national, voire à l’international. » Quant à ceux qui en sont responsables, ils sont désormais « chefs d’orchestre, maîtres d’œuvre d’une territorialisation dialectisée au service d’un établissement, d’un projet éducatif qui refuse un ‘‘entre-soi’’ qui serait contraire aux valeurs défendues par le réseau auquel s’inscrivent [les structures qu’ils dirigent] ».

« Faut-il considérer que les établissements ont vocation à devenir acteurs politiques en tant que tels et à saisir l’opportunité de prendre part à la définition des politiques publiques ? », a interrogé Nathalie Loiseau. Pour la directrice de l’École nationale d’administration, le mouvement vers davantage de participation peut contribuer à améliorer le service public, le service au public pour le public et peut-être par le public. Encore faut-il pour cela que les citoyens eux-mêmes se forment et s’exercent à « une nouvelle forme de citoyenneté, davantage investie, moins consommatrice et davantage co-productrice d’action publique ».

Quelle place politique est reconnue aux établissements ? En quoi participent-ils à l’économie sociale et solidaire ? Comment sont-ils intégrés dans les dynamiques des politiques territoriales ? Quels liens tissent-ils avec l’administration ou les élus ? Sur toutes ces questions Myriam Gravelle, François-Xavier Bocca (sj), François David et Xavier Nau ont apporté réponse et livré leurs témoignages.

La pensée sociale de l’Église, c’est ce « corpus intellectuel et spirituel qui éclaire le quotidien et nous aide à nous y orienter », a rappelé Pascal Balmand. Elle est « à la fois source et appel pour les établissements », a insisté le secrétaire général de l’enseignement catholique. Source parce qu’elle rappelle le primat de la personne dans la communauté, subordonne l’ordre des choses à celui des personnes et pose le principe de subsidiarité. Au-delà, elle est appel : « Alors que les modèles dominants relèvent d’une culture de la concurrence, de la compétition et du rapport de force, la pensée sociale de l’Église nous propose une culture de l’alliance ». Une culture de l’alliance qui interroge la manière dont les chefs d’établissement habitent leur mission, les pratiques pédagogiques et éducatives mises en œuvre, la solidarité entre les établissements ou encore les relations avec le tissu local et les pouvoirs publics.