La mutation profonde de notre rapport au temps lié à la difficulté de croire en la modernité triomphante nous place dans une inquiétude constante. Dans un état de crise sans fin qui exige de faire tenir les choses dans la durée, il devient difficile d’envisager une orientation vers le futur.
L’émiettement du savoir en spécialités exige de faire exploser le cloisonnement disciplinaire. Il requiert de construire un véritable paradigme de la complexité qui structure le « tissu » de la connaissance humaine et comporte une double affirmation : celle du « je » en liberté et en responsabilité ; celle de l’intégration du « nous » qui établit la « reliance » à autrui, en sympathie, amitié, amour.
Comment, dès lors, placer un certain sens de l’homme et de l’humanité au cœur de ce nouveau monde ? Comment, dans une organisation volatile souvent imprévisible, faire émerger un mode de management qui prenne en compte ce sens ? Comment, par une réflexion d’équipe et une auto-évaluation accompagnée, les chefs d’établissement peuvent-ils mettre en œuvre une transmission qui intègre un héritage culturel ? Comment peuvent-ils favoriser parallèlement une intégration rapide et radicale des techno-sciences qui transforment en profondeur nos communautés éducatives en modes de coopération ? Comment peuvent-ils ouvrir des dynamiques d’éducation et de gestion qui dépassent les références habituelles ?
Les établissements d’aujourd’hui et de demain devront vivre dans une interdépendance croissante au plan tant territorial que national et/ou international. Il reviendra aux chefs d’établissement, parce que responsables et porteurs d’une vision de l’avenir, de conduire les innovations nécessaires en osant notamment la confiance avec les membres des communautés éducatives. Il leur faudra faire de leurs établissements des lieux à taille humaine référés à un patrimoine d’humanité. Et ce en exprimant, avec toute la force de leur autonomie, leur façon de croire en l’homme (jeunes, enseignants, personnels de l’établissement, parents…) quelles que soient ses facilités ou ses difficultés.
De quelles initiatives le chef d’établissement a-t-il besoin pour assurer et développer une autonomie référée aux attentes et exigences éducatives ? Quels fonctionnements institutionnels favorisent les changements et postures nécessaires ? Quels sont les questionnements à investir dès à présent ?