Mai 2017, la ministre alors en charge de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem engageait, dans le cadre du protocole « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR) de la fonction publique, une refonte de l’évaluation des enseignants. Le Snceel s’est mobilisé sur ce chantier : deux chefs d’établissement impliqués impliqués dans l’organisation professionnelle – Blandine Schmit et Éric Persent – ont dans un premier temps planché sur le sujet. Rejoints par Catherine Redon, ils ont ensuite, à compter du 28 juin 2017, été en première ligne dans le dispositif de formation mis en place par la commission formation du Snceel. Ils dressent, dans les lignes qui suivent, un premier bilan de leurs interventions.

Vous êtes intervenus auprès de vos pairs et avez assuré la formation mise en place par la commission formation du Snceel relative au PPCR. Quid du bilan chiffré de cette formation ?

Ce sont quelque 250 chefs d’établissement qui ont participé aux formations proposées par l’organisation professionnelle que celles-ci aient eu lieu à Paris ou qu’elles aient été délocalisées. À cela s’ajoutent les interventions lors des assemblées générales et les temps consacrés, plus modestement, à informer nos collègues sur les modalités et les enjeux du nouveau dispositif dont il convient de rappeler qu’il constitue une obligation légale pour tous les chefs d’établissement. Ces différentes actions ont été assurées conjointement par un chef d’établissement et Léa Poignet, juriste des services nationaux, offrant ainsi aux participants un double regard. Ce sont en fait 10 % des adhérents du Snceel qui ont été formés ou informés des modalités et des enjeux du PPCR.

Force est toutefois de constater que nombre de chefs d’établissement n’ont pas encore pris pleinement conscience de ces enjeux, n’ont pas acquis la posture requise par le PPCR – voire ne sont pas entrés dans le dispositif – et n’ont pas fait leur la démarche d’accompagnement qui sous-tend la réforme de l’évaluation des enseignants.

Et la mobilisation des chefs d’établissement du premier degré ?

Dans un premier temps, ils ne sont pas sentis concernés par le dispositif. Il faut dire qu’au départ seuls les responsables des collèges et lycées étaient parties prenantes de cette évaluation rénovée qui, basée sur le référentiel de compétences professionnelles des métiers du professorat et l’éducation de juillet 2013, prévoyait un double regard : celui de l’inspecteur et celui du chef d’établissement.

Ceux qui sont à la tête des écoles, conséquence de l’existence d’un statut, sont co-évaluateurs des enseignants au même titre que leurs homologues du second degré. Aussi, le Snceel a-t-il proposé une formation dédiée aux responsables des écoles. Cette initiative a été porteuse : celles et ceux qui dirigent des établissements du premier degré ont répondu aux offres de formation de l’organisation professionnelle.

Reste que le PPCR est, pour elles et pour eux, porteur d’un changement majeur de culture. Celle ou celui qui est à la tête d’une école ne pourra plus à l’avenir être un professeur des écoles volontaire qui coordonne, organise le travail de ses pairs… Il devra assumer sa position de chef d’établissement, son rôle de manager à égale dignité de tous ceux à qui une tutelle donne mission de piloter un établissement. Parce qu’elle ou il devient co-évaluateur des enseignants. Il lui faut s’affirmer tant auprès de l’équipe pédagogique que de l’IEN. Il lui faut aussi prendre une certaine distance vis-à-vis des professeurs des écoles, ce qui peut être délicat quand il conserve la charge d’une classe

Quel accueil les chefs d’établissement ont-ils réservé au dispositif ?

Le dispositif fait du chef d’établissement le véritable responsable des ressources humaines de la structure dont il est responsable. Quant à l’accompagnement qui constitue, en fait, une des finalités de la réforme, il ne saurait, pour permettre l’évolution des pratiques didactiques et pédagogiques, se faire tous les sept ans ou encore via une discussion informelle. Il requiert régularité et professionnalisme.

En fait, le dispositif qui se met en place est porteur, dans les relations avec les enseignants, d’un déplacement du centre de gravité du métier de chef d’établissement. Déplacement que certains de nos collègues ont d’ailleurs anticipé. Il en est en effet qui avaient mis à profit la remise des notes administratives aux membres de leurs équipes pédagogiques pour faire, chaque année, avec eux un point sur leurs compétences, leurs besoins de formation et, ce faisant, les évolutions possibles en termes de carrière ou de prise des responsabilités dans l’institution. Ce à quoi il convient d’ajouter que nos collègues ont développé une réelle expertise dans l’accompagnement des personnels de droit privé qui peut être réinvestie dans celui des enseignants.

Au-delà, le nouveau dispositif rejoint les convictions du Snceel et de ses adhérents. Alors même que l’organisation professionnelle plaide pour que davantage d’autonomie soit octroyée aux établissements, nos collègues ne peuvent qu’adhérer au nouveau dispositif qui fait d’eux des partenaires des corps d’inspection dans l’évaluation des enseignants.