Un modèle économique s’épuise quand l’évolution des charges non compressibles n’est plus compensée par une augmentation corrélée des produits, ou pire, quand les produits eux-mêmes sont en baisse. La Poste est confrontée à ce processus actuellement, l’École pourrait bien vivre une situation analogue sous peu. À moins que le processus ne soit déjà à l’œuvre.

Nos supports associatifs de gestion sont alimentés principalement par des fonds publics dont la plus grande partie est prévue par la loi et par des fonds privés (contributions des familles et prestations facturées).

La difficulté surgit quand les collectivités publiques chargées par la loi du financement des établissements procèdent à des arbitrages budgétaires plus ou moins habillés de règles de calcul. Quand cette dernière précède la définition de la ligne budgétaire et quand la collectivité nous associe réellement à l’étude préalable, on peut considérer que la démarche est honnête. Quand manifestement la règle est fixée postérieurement à la ligne budgétaire, il est permis de penser qu’il s’agit d’habiller d’une légalité factice une décision politique. En pareille situation, les difficultés budgétaires de certaines collectivités ont des relents de guerre scolaire.

L’élasticité de la contribution des familles et du prix des prestations facturées varie considérablement selon les territoires. L’environnement économique, la qualité des établissements publics voisins, la culture politique locale, l’attachement ecclésial modifient cette élasticité. Sans présumer que des études fines sont toujours réalisées, le propos qui domine en nombre de lieux confine au constat d’une absence d’élasticité des prix.

Dans un tel contexte, le modèle économique de nos établissements pourrait rapidement s’avérer obsolète.

Les études que nous conduisons sur les évolutions nécessaires peuvent prendre deux directions. D’une part, l’organisation interne de l’enseignement catholique fait place à des redondances multiples. Le fonctionnement diocésain de l’Église catholique prédispose à un découpage territorial abondant même si quelques correctifs ou assouplissements ont pu être apportés par le statut de l’enseignement catholique de 2013. D’autre part, les perceptions de la population qui recourt à un établissement privé (un élève sur deux y accède à un moment de son parcours scolaire) sont très décalées des réalités. La majorité des familles n’a probablement pas claire conscience de financer par la contribution, l’immobilier et la pastorale(1). De même ignore-t-elle le coût total de la scolarité pour nos finances publiques. La connaissance des prestations annexes (repas, internat, garderie, études, voyages…) presque entièrement financées par les familles est sans doute plus aisée. L’adhésion au prix peut cependant varier énormément selon les catégories de biens ou de prestations financés. Notamment en fonction de l’effet d’attribution ressenti au bénéfice de l’enfant. N’y a-t-il pas là matière à réflexion ?

La récurrente question du financement de l’immobilier n’est donc pas la seule dont nous avons à nous saisir. Il est urgent de penser à nouveaux frais notre organisation économique à l’intérieur même de l’établissement mais aussi à un niveau supra-établissement pour la gestion de certains services.

Louis-Marie FILLON
Président


1. L’hypothèse que la contribution des familles ne finance pas seulement cela est parfois vérifiée.