Bonjour à tous,

Nous n’aurons de cesse de répéter cette évidence aux yeux des parents, des enseignants et de toute personne regardant avec bienveillance tous les enfants de notre nation, sans distinction ou préjugé, et certainement pas celui qui consiste à considérer comme un nanti l’enfant inscrit dans un établissement privé sous contrat.

Il me semble d’ailleurs utile de rappeler qu’en France, en 1959, nous avons fait un choix démocratique majeur, afin d’établir un système éducatif dual, permettant aux familles de pourvoir réaliser un choix, entre l’école publique et l’école associée par contrat à l’État. Dès lors, il convient de se conduire loyalement de part et d’autre du contrat.

La différence de rémunération entre les maîtres délégués du privé et leurs homologues du public contredit non seulement au principe de loyauté, mais elle a également pour conséquence de faire perdre de nombreuses heures d’enseignement aux élèves de nos établissements. Or, la continuité éducative est due à l’ensemble des enfants scolarisés régulièrement. Il revient donc à l’État de proposer des salaires décents aux suppléants des deux réseaux.

C’est en ce sens que nous avons interpellé la représentation nationale, après que le ministère n’a pas souhaité donner suite à nos demandes préalables, répétées depuis 2017.

Grâce au soutien de nombreux députés et sénateurs, interpellés par les délégués académiques et les administrateurs du Snceel ainsi que par les représentants de l’Apel venus en soutien, le décret 2022-158 a vu le jour le 10 février 2022.

Au travers de son article premier, il permet de choisir un échelon d’embauche pour un suppléant supérieur à l’échelon 1.

Autrement dit, on aura plus de chance de trouver un remplaçant en mathématiques (par exemple) en le payant au minimum à l’échelon 3 des MA1 (indice 395) ou à l’échelon 4 (indice 416), qu’en le recrutant aujourd’hui à l’échelon 1 (indice 349), qui correspond au Smic !

Mais, attention à ne pas se réjouir trop vite : pouvoir ne veut pas dire vouloir.

En effet, il convient de ne pas en rester à une victoire tactique par l’acquis de ce décret. Pour que notre stratégie puisse aboutir, dans l’intérêt des élèves comme dans celui des maîtres délégués, il va falloir maintenant faire appliquer ce décret dans toutes les académies. Car nous ne connaissons que trop bien les obstacles qui peuvent être déployés pour réduire la portée d’un tel décret.

Cela pourrait commencer par une circulaire aux recteurs afin d’en limiter la portée aux seuls entrant dans le circuit, ou encore prétendre que les dérogations doivent être exceptionnelles, ou enfin arguer que cette mesure n’est pas financée.

La confiance n’exclut pas le contrôle. Faites vivre dès aujourd’hui les dispositions introduites par ce décret, afin d’éviter qu’il ne devienne, ici ou là, une vague promesse…

Vivien JOBY
Président du SNCEEL