Depuis le 2 avril dernier, le fameux rapport Vannier-Weissberg1 fait couler beaucoup d’encre en tentant de stigmatiser l’enseignement privé sous contrat.
Sur la forme, le Snceel, plus important réseau de chefs d’établissement de l’enseignement privé représentant plus d’un million d’élèves, regrette de n’avoir pas été auditionné. Notre acronyme – enseignement « libre » et non « catholique » – y est peut-être pour beaucoup. C’est bien en effet l’Enseignement catholique qui est ciblé. Nous avons pourtant des choses à dire.
Sur le fond, entre incertitude, amalgame et généralisation de quelques cas très particuliers, ce rapport est rédigé à charge, avec la même rigueur scientifique qu’une personne sans enfant donnant des conseils moralisateurs pour élever ceux des autres.
Sur la question du financement qui alimente tous les fantasmes, rappelons que la plupart de nos établissements sont des structures associatives. Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique fortement sollicité, a répété dans divers médias que 75 % de nos budgets issus de financements publics sont votés, validés par les élus qui siègent à tous niveaux dans nos associations de gestion et, in fine, certifiés par des experts-comptables et commissaires aux comptes.
Que penser alors de la soi-disant opacité des financements évoquée ?
Notre réalité est la suivante : nous proposons des budgets équilibrés grâce aux contributions des familles et nous nous soumettons aux contrôles mis en place. Rappelons également qu’un élève scolarisé dans le privé sous contrat coûte deux fois moins cher à l’État qu’un jeune accueilli dans le public.
Les parlementaires insistent sur le nécessaire contrôle de l’usage des fonds publics mais l’État fait-il preuve de la même la même rigueur que nous dans la gestion de nos budgets ? Dépenser plus que ce dont nous disposons nous est impossible. Rémunérer nos salariés avec plusieurs mois de retard l’est également. C’est pourtant le lot de nombreux suppléants.
Que dire enfin de l’attaque facile et infondée stipulant que les établissements d’enseignement privé contribueraient fortement à la ségrégation scolaire dont souffre notre système éducatif ? Insinuer qu’un élève socialement défavorisé n’a pas sa place dans un de nos établissements est une offense faite au chef d’établissement qui assure les inscriptions et méconnaît la liberté de l’enseignement consacrée par le Conseil constitutionnel2 comme l’un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République et, ce faisant, la liberté de choix des familles, comme l’a rappelé un récent communiqué de l’Apel3 que le Snceel soutient.
Chers collègues, alors que certains voudraient raviver une guerre scolaire d’un autre temps, nous vous invitons, partout où cela est possible, à simplement rétablir la vérité.
Le malade qui critique celui qui est bien portant ne recouvre pas pour autant la santé.
Prendre pour cible des écoles qui sont choisies par des familles pour leurs projets n’apportera aucune solution aux maux dont souffre le système éducatif.
Le Snceel soutient que l’enseignement privé sous contrat et l’enseignement public travaillent de concert dans une diversité de propositions éducatives en faveur des élèves, de tous les élèves.
Ces deux réseaux constituent une richesse et participent tous deux à la mission d’éducation de la nation. Nos responsables politiques devraient s’en souvenir…

Jérémy TORRESAN
Président du SNCEEL

  1. Rapport d’information sur le financement de l’enseignement privé sous contrat.
  2. Décision 77-87 DC du 23 novembre 1977.
  3. Communiqué de presse du 4 avril 2024.