C’est aux inégalités sociales et migratoires que le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a consacré son rapport Inégalités sociales et migratoires. Comment l’École amplifie-t-elle les inégalités ? rendu public le 27 septembre dernier. Cette publication, ramenée souvent à tort à une remise en cause de l’éducation prioritaire, a fait l’objet de beaucoup de bruit médiatique. Dans les lignes qui suivent, nous avons choisi de revenir sur les développements consacrés à la conduite des réformes dans l’éducation nationale. Le Cnesco pointe en effet la singularité de la méthode française, à savoir une propension à réformer sans cesse l’éducation, sans prendre en compte les résultats de la recherche et sans évaluer les politiques menées. Et ce, alors que progressent, à l’étranger, les compétences en conduite du changement politique.

Et le Cnesco de pointer la « faible autorité scientifique des mesures proposées », la résistance à expérimenter « les réformes fondées sur des protocoles scientifiques solides et conduites à des dimensions territoriales significatives avant de les étendre à l’échelle nationale », la quasi-absence de toute « évaluation scientifique des effets des dispositifs mis en place », « des formations continues des enseignants centrées étroitement sur des dispositifs précis plutôt qu’une formation large à des compétences en pédagogie et en didactique ».

Conséquence de ce manque de méthode, le ministère reconduit « des orientations politiques peu efficaces ». Et le Cnesco de souligner, par exemple, les limites des « dispositifs multiformes d’aide personnalisée, posés aux côtés des heures disciplinaires » dont l’efficacité reste à démontrer. En cause, avance le Conseil national d’évaluation du système scolaire, le fait que ces dispositifs ne concernent que quelques heures qui sont « en marge des heures de cours », et « ne changent pas fondamentalement les pratiques pédagogiques et l’expérience scolaire au quotidien des élèves français ».

Dans le même temps, insiste l’instance d’évaluation du système scolaire, d’autres pays « avant-gardistes de la justice à l’École » et « plus récemment, traumatisés par des ‘’chocs Pisa’’ » ont mis en pace des politiques de prévention de la difficulté scolaire «  au cœur de l’emploi du temps des élèves, dans chaque cours, grâce à des pédagogies innovantes et de la formation continue des enseignants ».

Didier Retourné

Secrétaire national