Si une rentrée est toujours l’occasion de réfléchir au plan d’action le plus efficient à la mesure de l’établissement, il en va de même dans notre réflexion nationale.

Paradoxalement, notre pays qui est entré dans une période de léthargie économique vit, en ce qui nous concerne, au rythme des réformes en rafale. Aménagement du temps dans le premier degré, formation initiale des maîtres, réécriture des programmes, évaluation des élèves, mais aussi temps partiel, couverture santé, formation professionnelle, financement de l’apprentissage, réforme territoriale : autant de sujets auxquels nos structures scolaires ne peuvent se soustraire en tant qu’entités économiques participant du service public d’éducation.

C’est bien le croisement des dimensions économique et sociétale qui nous met en tension actuellement. D’une part, des contraintes croissantes pèsent sur la vie de l’entreprise et nous n’y échappons pas. D’autre part, des enjeux de société nous enjoignent de réformer l’École sans qu’un consensus puisse cependant être dessiné dans un corps social dispersé.

Les difficultés sont, pour nous, accrues sur les deux fronts. En effet, les pouvoirs publics pensent l’entreprise dans sa forme sociale et non associative. Il en résulte, en période de disette budgétaire, un risque important pour tout le secteur de l’économie sociale dont nous sommes. Lequel ne bénéficie pas des mesures d’allègement des charges récemment initiées pour les entreprises. Les mêmes pouvoirs publics pensent l’éducation nationale à l’aune du système public. Ils prennent avant tout en compte les freins, qu’ils savent puissants, quand il s’agit de réformer le système éducatif.

Face à un système bloqué, il est permis d’espérer que l’urgence ressentie par la population quant à la nécessité de changement va ouvrir à une plus grande autonomie des établissements (publics). Il nous appartiendra d’utiliser nos ressorts culturels pour profiter pleinement des espaces d’autonomie que nous appelons de nos vœux depuis fort longtemps.

Il reste que le modèle économique actuel de nos écoles, collèges et lycées ne peut être considéré comme pérenne et que l’innovation ne pourra concerner le seul champ pédagogique. Il convient d’ores et déjà de penser, à nouveaux frais, les équilibres de fonctionnement des établissements afin de ne pas altérer leur capacité d’autofinancement déjà mise à mal, parfois depuis trop longtemps.

Les interlocuteurs régionaux qui vont vraisemblablement changer de stature malgré les soubresauts inhérents à toute réforme seront au nombre de ceux avec lesquels il faudra compter. C’est là, dans les territoires, que les espaces d’innovation s’ouvriront demain.

C’est une réflexion d’ensemble qui doit être menée. Et ce, dans chaque établissement, dans chaque territoire, et enfin au niveau national. Inutile de pointer les insuffisances de financement ou les dysfonctionnements, encore moins les présupposés idéologiques, il faut repenser tout un modèle économique. La commission permanente s’est saisie de la question. Un groupe de travail a été constitué. Reste à se rendre capable de proposer un modèle empreint du discernement nécessaire afin d’éviter les empilements, les formes excessivement administratives, et les quant à soi.

Nous avons réécrit un Statut à l’Ecole catholique. Le cadre et l’esprit sont posés pour quelques années. Ecrire ne suffit plus. Du travail reste à faire, et ce dès maintenant. Nous sommes tous à l’ouvrage !

Louis-Marie FILLON
Président