Après les rythmes scolaires, les ABCD de l’égalité, c’est l’évaluation qui va, au cours des prochains mois, occuper le devant de la scène. Ainsi en a décidé Benoît Hamon en lançant, le 24 juin, la conférence nationale sur l’évaluation des élèves(1). L’annonce ministérielle n’aura pas surpris les connaisseurs du système éducatif. Dés juin 2012, Vincent Peillon avait annoncé son intention de faire évoluer les pratiques en la matière et le principe de cette évolution est inscrit dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole de la République.

Plus récemment la circulaire de rentrée appelait à faire évoluer les pratiques en la matière(2). De même du projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui plaide pour des modalités d’évaluation renouvelées(3). Ce à quoi on peut ajouter la difficile articulation entre le brevet des collèges et l’évaluation par compétences ou encore les habituelles polémiques, à ce moment de l’année, sur le rôle du baccalauréat…

Les limites de notre système d’évaluation sont connues et nul ne doute de la nécessité d’aller vers une évaluation positive et bienveillante qui favorise la réussite de tous les élèves.

Reste que la méthode choisie par le ministre – il a imaginé, loin du débat d’experts, une conférence ouverte aux usagers et à la société civile – interroge. Amener dans la discussion publique le serpent de mer que constitue l’évaluation est de nature à susciter controverses et débats stériles – comme l’ont montré les réactions à l’annonce ministérielle – et à freiner les transformations que Benoît Hamon appelle de ses vœux. Sans doute eut-il été plus prudent de prendre appui sur le Conseil national d’évaluation du système scolaire [Cnesco(4)] installé au début de l’année 2014 et qui avait précisément inscrit à son programme… une conférence de consensus sur le sujet de l’évaluation.

Didier RETOURNÉ


1. Conférence nationale sur l’évaluation des élèves
2. Sur ce point, Cf. InterSnceel n° 22 de mai 2014, « Evaluation : le retour ? ».
3. Cf. dans ce numéro, « Le socle nouveau est arrivé ».
4. Sur le Cnesco,