En cette dernière période de l’année scolaire marquée habituellement par les bilans, l’arrivée des examens, la préparation d’une nouvelle année, nous sommes nombreux à courir après les informations, nous efforçant d’intégrer les réformes par ordre d’arrivée, de les « digérer » et les appréhender pour informer au plus vite nos équipes.

Cependant, il est encore difficile de présenter des éléments définitifs dans la mesure où, si nous avons globalement saisi le sens des réformes actuelles, leur contenu reste à construire. Preuve en est, par exemple, le projet d’arrêté relatif à l’organisation et aux volumes horaires de la classe de seconde des lycées d’enseignement général et technologique publié le 30 mars dernier et présenté au Conseil supérieur de l’éducation le 12 avril. Ce projet instaure en classe de seconde un nouvel enseignement de sciences numériques et technologiques et fait figurer les sciences économiques et sociales parmi les enseignements communs. Il supprime les enseignements d’exploration et fixe « à titre indicatif » un volume de cinquante-quatre heures annuelles par élève d’« accompagnement au choix de l’orientation ». Le texte en projet a été rejeté à la majorité au motif d’un besoin de plus de temps pour travailler et examiner l’ensemble de ces textes dans leur globalité. Conclusion : le décret officiel n’est pas encore paru. Pourtant, les chefs d’établissement que nous sommes devons avancer et surtout anticiper.

La réforme du baccalauréat et du lycée n’est qu’une infime partie du rouage appartenant au grand processus de transformation. Ajoutons à cela la réforme de l’apprentissage et de la voie professionnelle, l’avant-projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel et la refonte de certains brevets de technicien supérieur tertiaires. Ce sont autant d’éléments stratégiques qui restent à définir par décret, dans l’attente aussi des retombées de la mise en œuvre de Parcoursup.

Multiplication des réformes rime-t-elle avec précipitation donc risque de crispation ? Maillage, réseau d’établissements, passerelle, enseignement modulaire annoncent-ils une réelle volonté de créer du lien ou le risque de délitement progressif de notre système ? Sommes-nous dans la continuité ou la rupture ? Si la prise de recul est malaisée, faut-il chausser les lunettes de réalité augmentée pour percevoir le système dans une nouvelle dimension ?

Sans forcer le trait jusque-là, c’est peut-être une nouvelle manière d’être qui s’offre à nous, nous obligeant à ne pas nous enfermer dans le court terme des réformes mais à nous initier au processus du changement qui se développera dans le temps. C’est en donnant du sens aux transformations par la confiance mutuelle, la prise de risque, la marge d’autonomie et la personnalisation des parcours que nous ferons de demain une société apprenante.

Céline Colombo

Secrétaire