En ce monde digitalisé et interconnecté où l’abondance de l’information accessible dépasse tout ce que l’humanité a connu, l’École se doit de prendre en compte les technologies numériques. L’aptitude à la collecte d’informations, que la chercheuse Karine Aillerie présente comme la métacompétence du XXIe siècle, pourrait ainsi être la clé d’une formation qui s’échelonnera tout au long de la vie.

Pour Michel Serres, les nouveaux élèves « habitent le virtuel. […] Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent ni n’intègrent ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants. Ils n’ont plus la même tête. […] N’ayant plus la même tête que celle de (leurs) parents, [ils] connaissent autrement (1). »

« Voici, poursuit l’académicien, des jeunes gens auxquels nous prétendons dispenser de l’enseignement, au sein de cadres datant d’un âge qu’ils ne reconnaissent plus […] cadres datant d’un âge et adaptés à une ère où les hommes et le monde étaient ce qu’ils ne sont plus ». Aujourd’hui, nos élèves revendiquent la liberté de choisir ce qui est bon pour eux, d’exprimer leurs opinions et d’afficher leur identité personnelle. Ils entendent aussi pouvoir peser sur « les choses » afin qu’elles répondent mieux à leurs besoins. Ils cherchent également à intégrer le divertissement et le jeu à leur travail, leurs apprentissages et leur vie sociale. Il sont enfin adeptes, dans leurs messages, leur quête d’informations et de réponses, de communications rapides.

Il nous faut donc repenser l’École et adapter notre enseignement à notre public. Or, innover et lancer un projet ne nécessitent pas forcément des moyens extraordinaires. Il faut avant tout se sentir libre de le faire, savoir pour quoi et pour qui on le fait et y croire. Il faut aussi être pragmatique et oser une démarche entrepreneuriale : implication, leadership, évaluation, culture du résultat, formation continue, innovation portée par les nouvelles technologies. La pédagogie est sans doute le domaine où la liberté d’innover est la plus grande. Il convient au chef d’établissement de se saisir de cet espace de liberté. Pour ce faire, il lui faudra faciliter les projets, accompagner ceux qui les portent, mettre du lien, permettre aux talents de se révéler, optimiser les compétences. Il aura besoin de discernement, puis de force de conviction. Leader pédagogique, le chef d’établissement est appelé à autoriser la prise de risque, l’essai, le droit à l’erreur et une certaine forme de tâtonnement. Dans une culture d’innovation, ces risques et essais pavent la route vers le succès.

Arnaud PATURAL
Administrateur


1. Petite Poucette, Éditions Le Pommier, 2012.