Évaluation des élèves, rythmes scolaires, organisation du collège, programmes de l’école maternelle et de l’école du socle, plan numérique, allocation des moyens, éducation prioritaire, redoublement, enseignement moral et civique… Depuis qu’elle est installée rue de Grenelle, Najat Vallaud-Belkacem a poursuivi les réformes engagées par ses prédécesseurs et ouvert de nouveaux chantiers… Ce sont douze dossiers qui ont été menés cette année, ont pointé certains.

Cette activité foisonnante est assurément la conséquence logique des orientations posées par la loi pour la refondation de l’École de la République de juillet 2013. L’état de notre système éducatif imposait de passer à l’acte. Il est en effet particulièrement inégalitaire, comme le rappelle une récente note de l’OCDE, Vers un système d’éducation plus inclusif en France ? . Et le constat n’est pas nouveau. En 2007 déjà, Christian Forestier (1) soulignait que si notre système éducatif était excellent pour la moitié des élèves, il était, pour les autres, un des plus mauvais du monde. Par ailleurs, comme le souligne l’OCDE dans la note précitée, ne rien faire eût compromis la place de la France dans l’économie mondiale.

Ce vaste mouvement porté par le ministère sera-t-il suffisant ? Il est permis d’en douter. Il relève d’une conception du changement qui a déjà montré ses limites : un changement décrété d’en haut arrive-t-il dans les classes ? On ajoutera que certaines réformes relèvent du « rafistolage », que d’autres sont conduites sous la pression politique, qu’il en est qui font dans le cosmétique ou encore dans l’affichage voire l’effet d’annonce sans suite. De surcroît, l’administration filtre et calibre inlassablement entre le politique et l’établissement. Voyez déjà l’encadrement directif des IMP (2).

Changer l’École ne suffira pas. Changer d’École préconisent certains ! Cela ne dépasse pas toujours le slogan. Il nous faudra refaire du consensus sur ses finalités pour repenser l’institution scolaire et le métier d’enseignant.

Il convient maintenant d’en finir avec ces réformes au coup par coup qui touchent pour l’une aux programmes, pour l’autre au temps scolaire, pour la troisième à l’évaluation… pour penser un nouveau modèle scolaire souple, multiforme, dotant réellement les établissements de l’autonomie dont ils ont besoin pour devenir créatifs et responsables dans les réponses éducatives qu’ils offrent à la population.

Cette forme de confiance mise en acte produira assurément plus de fruits que le top-down (3) d’usage.

Et portera l’impératif du vivre ensemble dans le giron même de l’École !

 

Louis-Marie Fillon

Président

 

  1. Que vaut l’enseignement en France ?, Éditions Stock.
  2. Indemnités pour mission particulière.
  3. Approche descendante.