Dénonciation de la centralisation excessive, de la rigidité et de l’inertie du système éducatif, reconnaissance que c’est au niveau des établissements scolaires que se joue l’évolution réelle d’une pédagogie et appel à leur accorder une autonomie, invitation à accroître les responsabilités des chefs d’établissement notamment en matière de recrutement des enseignants, encouragement à la responsabilisation des acteurs… : telles sont quelques-unes des idées-forces formulées lors d’un colloque qui a réuni, à Amiens, plus de 600 chercheurs en éducation, militants pédagogiques, hauts fonctionnaires, et qu’a clôturé le ministre de l’Éducation nationale… Alain Peyrefitte…

Intitulé « Pour une École nouvelle » (1), ce colloque demeure, au même titre que le plan Langevin-Wallon, une référence plus ou moins mythique aux yeux de ceux qui considèrent qu’il convient de changer l’École.

Il aura en effet eu peu d’influence sur les politiques éducatives. Au nombre des explications avancées par les observateurs de l’époque et les historiens qui ont célébré, les 8 et 9 mars, dernier le cinquantième anniversaire de cette manifestation symbolique : la survenance des événements de mai qui vont, selon la formule d’Antoine Prost (2), « tuer la réforme », mais aussi, après le départ du Général de Gaulle, l’élection à la présidence de la République de Georges Pompidou. Comme l’a souligné André Robert (3), il ne fallait en effet pas attendre de ce normalien, agrégé de lettres classiques, plutôt attaché à une vision ancienne de l’organisation scolaire, qu’il œuvre à la promotion d’une politique particulièrement novatrice.

Reste que les idées-forces auxquelles il est fait référence dans les premières lignes de cet éditorial, mais aussi bien d’autres convictions et recommandations émises en mars 1968, restent d’une étonnante actualité. Elles rejoignent par ailleurs les convictions de notre organisation professionnelle et plus largement celles de l’enseignement privé sous contrat.

Tout comme les pratiques de tutorat et de classe inversée, inventées à des époques anciennes par des congrégations, qui ont le vent en poupe actuellement, il faut savoir regarder de temps en temps en arrière pour aller de l’avant.

Jérémy Torresan

Modérateur

 

  1. Les actes du colloque ont été publiés par l’association d’études pour l’expansion de la recherche scientifique, organisatrice du colloque : Pour une École nouvelle, Formation des maîtres et recherche en éducation, Éditions Dunod, Paris, 1969.
  2. Professeur émérite des universités émérite en histoire contemporaine, Université de Paris 1.
  3. Professeur émérite des universités émérite en sciences de l’éducation, Université de Lyon 2.